

Il y a encore quelques années, entre dans un bureau en hoodie ou en Air Max aurait fait lever quelques sourcils. Aujourd'hui, c'est presque devenu une déclaration d'intention. Une manière de redessiner les lignes entre hiérarchie et liberté, entre rigueur et expression personnelle. Le streetwear n'a pas simplement trouvé sa place dans les open-spaces : il en a redéfini les contours.
Tout a commencé dans les start-ups, où le jean et la paire de sneakers étaient autant un signe de cool que de compétence. Puis les agences créatives ont suivi, et les marques elles-mêmes ont pris le pli : quand Jacquemus, Casablanca ou Ader Error brouillent les frontières entre formel et casual, l'effet se propage bien au-delà des podiums.
Aujourd'hui, même dans les milieux corporate, certains profils senior s'autorisent une paire de Yeezy ou un sweat Acne, à condition que la coupe soit maîtrisée et les matières premium.
Derrière ce glissement stylistique, il y a surtout une volonté : celle de se libérer des codes imposés. Porter un hoodie au bureau, ce n'est pas renoncer au sérieux, c'est le redéfinir.
Un blazer oversized sur un t-shirt Carhartt WIP, une Air Max 1 bien choisie avec un pantalon à pinces : le mix est devenu une grammaire à part entière, où chaque détail compte. Loin d'être négligé, ce nouveau vestiaire urbain pro reflète une exigence : celle d'être soi, même entre 9h et 18h.
Le streetwear en entreprise n'est pas un effet de mode. C'est un symptôme d'une transformation plus profonde : celle du rapport au travail, à l'autorité, à la représentation de soi.
Et si tous les secteurs n'ont pas lâché la cravate, le changement est en marche. Même les plus conservateurs ferment les yeux sur les sneakers en cuir ou les hoodies neutres, tant que le rendu global est cohérent.
Le retour au bureau ne ressemble plus à ce qu'il était. Et la mode y a son rôle. Si la ligne entre pro et perso s'estompe, c'est aussi parce que le vêtement suit cette logique.
Le style n'est plus ce qu'on laisse au vestiaire le matin.
C'est devenu une extension de soi, jusque dans les réunions.